dimanche 25 juillet 2010

samedi 24 juillet 2010

Intégrité linguistique

Que sur sa feuille de paye soit inscrit "agent de salubrité", mon éboueur de papa, ça le fait doucement marrer. Parce que mon papa, il dit que pour une fois qu'on comprend facilement par l'intitulé le métier de quelqu'un, c'est un con-ble de vouloir le changer. Surtout par un truc aussi ampoulé.

Il a raison, mon papa.

Qu'est-ce qu'ils ont les gens à se pompeuser l'air ? Au pire, s'il ne leur convient pas, ils feraient aussi bien de chercher à lui rendre du fond que de lui donner de la forme.

Moi, par exemple, je pourrais vous dire que, dans ma tâche de concepteur-rédacteur, j'ai parfois tendance à la procrastination. Ça sonnerait un peu canon.

Mais je préfère écrire haut et fort que je suis une grosse branleuse qui n'a pas aligné deux mots en trois jours pour son boulot !

Et qui ne tente pas l'ombre d'un instant de dissimuler cette vérité derrière un post engagé...

Worldbeat

Baleine origami

mercredi 14 juillet 2010

Bonheur

Comment, lecteur ? Comment retranscrire, en quelques mots noirs jetés sur un fond blanc, l'intégrintensité des émotions ressenties lorsque l'on touche du doigt le vrai bonheur ?

Disons qu'on s'en fout, faut que je te raconte. Tout s'est déroulé hier, et très vite.

Hier, mon bon lecteur, je suis partie faire les soldes (alors que j'avais du travail, ce qui constitue déjà en soit le ciment de la joie).

J'entre dans mon magasin favori, une petite boutique de collections à pâlir, plus ou moins vieillies mais toujours délicieuses et qui me siéent tant au teint, la Crèmerie de Rochechouart.

Là, entourée de tous ces fromages, chèvre, brebis et vache, pâtes pressées ou non, molles et cuites, persillées, fondues et fraîches, croûtes naturelles, lavées et fleuries..., là, j'ai inspiré fort les senteurs de la vie et me suis sentie bien.

Après une sélection de quelques fleurons de la fromagerie française, je me suis retournée vers le petit étal de charcuteries si délicieusement glanées en France, que dis-je, en Europe entière, par le tenancier, qui malheureusement est un homme marié.

Pour la beauté du geste et l'amour du terroir, quelle sentimentale je fais, je m'apprêtai à prendre quelque saucisson corse de cochon sauvage. Une sorte d'affectueux rituel entre la Crèmerie et moi.

Mais hier, lecteur, hier, inquiétude dans mon coeur ! Je ne le repérai pas. Paniquée, je me tournai vers le tenancier, essayant tant bien que mal de retenir les larmes de mes yeux, la morve de mon nez.

D'un ton que je voulus dégagé, j'interrogeai " Dites-moi, ne vous reste-t-il donc plus de ce petit saucisson corse de cochon sauvage ?
- Si bien sûr (mon héros !), il m'en reste deux (oh mon dieu c'est très peu !), mais alors ils sont très très très secs."
- Je vous prends les deux !"
Je lui baisai les pieds et passai à la caisse, sortant de mon sac cet autre ciment de la joie qu'est ma carte bleue, m'apprêtant à payer.

Quand soudain, oui, soudain, lui et moi entendîmes dans notre dos une cliente, à qui je n'avais prêté nulle attention, l'ampleur du drame qui précédemment se jouait étant ce qu'elle était, j'en tremble encore. Elle demandait au petit second : "Vous auriez un saucisson bien sec s'il vous plaît ?"

Ha ha ha.

C'est là, lecteur, à ce moment précis, que j'ai senti monter en moi en plus des odeurs de fromages ce sentiment de fierté intense, de victoire teintée d'égoïsme, de revanche prise sur toutes les vicissitudes de ma vie. Là, j'étais spéciale, j'étais unique, j'étais la dernière en ces lieux à pouvoir prétendre jouir vraiment de la chair.

Le tenancier et moi échangeâmes un regard complice et je retins mon envie de me retourner vers la cliente déçue dans un "t'as les boules, t'as les glandes, t'as les crottes de nez qui pendent" qui aurait somme toute rendu ma gloire un peu moins noble.

J'étais Heureuse.

Voilà lecteur. J'ai partagé avec toi cet incroyable moment de bonheur. J'espère que tu t'en es délecté car tu comprends bien que c'est la seule chose de cette histoire que je partagerai avec toi.